Thursday 29 December 2016

La passion de Viviane

A Antsirabe, visitez l'atelier de Viviane



Baptisé Kololandy, ce joli nom veut dire kolo, cocouner + la soie, landy!


Dans son atelier, Viviane nous parle des différentes sortes de cocons sauvages, suivant la plante où on trouve les cocons, et explique les étapes de préparation des fibres, avant de les tisser sur place.
Bourre de soie sauvage prête à carder.
Les cocons ont subi une étape de macération
puis les a fait boullir.
Le filage avec un rouet traditionnel

Viviane travaille la soie sauvage et pratique la teinture  naturelle avec les plantes endémiques.

Teinture avec du bois de rose
  • jaune avec les feuilles de passiflore sauvage, grenadelle Passiflora ligularis
  • beigne avec la racine du nénuphar
  • jaune clair avec l'écorce de l'arbre  afotra (?)
  • marron avec la poudre d"écorce de bois de rose
  • le bleu avec l'aika de Madagascar - Indigofera tinctoria

Les tisserandes travaillent sur des métiers simples à cadre ou à pédales de style scandinave.






Rayures de soie sauvage teinte avec du nato.


La Magnanerie

Viviane nous emmène visiter sa magnanerie dans la campagne à une dizaine de kilomètres d'Antsirabe. Au milieu d'une pinède, la petite maison abrite les claies où sont élevés les vers d'élevage, des Bombyx mori .

Les gros vers à soie ont 4 semaines

Petits vers ont 5 jours


Pour nourrir tout ce petit monde, les champs de muriers fournissent des feuilles toutes fraiches aux chenilles voraces qui produiront ce fil magique. Pour Viviane et le couple de jeunes qui l'assiste, c'est une activité de culture en plus de l'élevage.



Wednesday 21 December 2016

Village de soyeux au Pays Zafimaniry

La route rouge cahoteuse nous conduit à Soatanana!

Centre du village de Soatanana

Nous sommes attendues....


Nous sommes chaleureusement reçues par Lala, la présidente de la coopérative de Tambatra, Firaisankina,  qui regroupe des tisserandes de plusieurs communautés avoisantes.


Préparation des cocons
Lala nous explique le processus de préparation des cocons. Il s'agit bien sur du Borocera madagascariensis, provenant des forêts de Tapia.

Tout d'abord (à droite) environ 5 ou 6 cocons sont enfilés l'un dans l'autre puis laissés une semaine pour fermentation organique avec du fumier de zébus. Ensuite on les fait bouillir une journée entière. A gauche la soie "bourre" rincée et séchée est prête à filer.
Etapes de préparation de la soie sauvage
Les cocons mijotaient dans cette marmite depuis tôt le matin. 
Les cocons doivent encore bouillir quelques heures...
Séchage de la bourre au soleil, avec les collines en toile de fond
Maison traditionnelle de la région avec son balcon en bois


La teinture de la soie

Cuve de Dinga dingana 
Avant le tissage

 Filage de la soie, préparation de la chaine des métiers à tisser
Filage à gauche et bobinage des fils de trame

Les petits curieux nous suivent pas à pas

Soie naturelle pour la chaîne et fils teints en vert Dinga dingarra
pour la trame

La visite se termine par le "marché" en plein air ou le choix est bien difficile devant toutes ces pièces soigneusement réalisées par les tisserandes de la coopérative.
Le travail des tisserandes nous attend! 

Echarpes teintes majoritairement avec des plantes

Palette de couleurs naturelles:








  • Dinga dingana

  • Le rouge est teint à partir du nato, traditionnellement utilisé pour la réalisation de "lambamena", ou linceuls en soie sauvage qui enveloppent les morts lors des cérémonies traditionnelles de retournement des morts à Madagascar.
  • Orange : est obtenu en mélangeant du nato avec du curcuma
  • Le vert à partir des feuilles de Dinga dingana, Psiadia altissima DC
  • Le brun à partir de bois ou écorces d'eucalyptus
  • Le noir est obtenu avec du brou de noix.

Photo tous ensemble avant de se dire veloma!


Tuesday 20 December 2016

Soie sauvage dans les tapias de Madagascar

Feuilles de tapia only pour les vers à soie


Forêt de tapia, arbre endémique de Madagascar,
et seule nourriture du ver à soie sauvage
Notre périple le long de la N7 dans les hautes Terres nous a livré beaucoup de jolies surprises.. et Rose Line avait fait ses recherches préalables pour identifier les lieux liés aux textiles.
Jean Fréjus, notre guide
Nous avions rendez-vous avec Jean Fréjus qui allait nous guider avec son grand enthousiasme toute la journée et nous faire découvrir la soie de Madagascar. 

Halte à la hauteur du Col de Tapia entre Antsirabe et Ambositra, où se trouvent des poches de cette forêt sclérophylle de Tapia, le nom vernaculaire de l'Uapaca bojeri, endémique à Madagascar. 

Cette forêt protégée de 15 000 hectares comprend 21 communautés. Deux pépinières produisent des plants pour assurer la continuité de la forêt et la bonne gestion de la collecte des vers à soie. Chaque communauté reçoit 3000 plants à planter et contribue à l'éradication des pins qui augmentent les risques d'incendie et de destruction des tapias.






Le tapia est seul arbre endémique de Madagascar dont les fameuses larves de borocera madagascariensis daignent se nourrir. Un équilibre fragile à maintenir pour assurer la survie des ces papillons d'apparence plutôt ordinaire qui produisent de gros cocons, source d'une jolie soie douce.




Rose Line à la chasse aux images de vers à soie!

Il faut bien se concentrer pour dénicher les cocons, même s'ils sont bien plus grands que les cocons des Bombex, ils sont bien camouflés.



Les larves se confondent avec les branches
Beau spécimen de larve

Les cocons comportent des poils noirs

Envolé, et il ne reste plus que le cocon!

Cycle des vers à soie sauvages:


Décembre: 1er age

Février, 5 semaines soit après 130 à 140 jours dans le cocon



Il y a deux saisons de récolte, après l'hiver entre la mi décembre et la mi-février et après l'été entre la mi-juillet et la mi-aout.







Le tapia -  Uacapa bojeri
L'écorce caractérique du tapia
Les fleurs


Les jeunes fruits
Autres plantes dans cette forêt
Dans cette forêt, on trouve aussi des spécimens de dinga dingana (Psiadia altissima DC.) Drake, 1903). Leurs feuilles fraiches sont utilisées pour teindre la soie en vert. Par ailleurs, cette plante a des vertus analgésiques et on peut facilement la trouver sous forme d'huile essentielle.


Dinga dingana
Les racines de l'arbisseau de Tambarasa permet de teindre en jaune, tandis que l'écorce est utilisée comme produit de beauté.



Aloe capitata, aussi une plante médicinale

Quelle extraordinaire biodiversité!
Lire ensuite l'article sur le travail artisanal de la soie...